2014-12-26

Émilie et son talent d"organisation...

On retrouve très tôt chez Émilie Tavernier une capacité de s'affirmer, un talent d'organisation et une facilité à trouver des coopérateurs et coopératrices.
Ces qualités se révèlent déjà chez elle lorsque, à 18 ans, elle tient maison chez son frère devenu veuf, alors qu'elle inaugure la « table du roi » pour accueillir les mendiants qui frappent à la porte; pour eux, une table est toujours mise et elle les sert elle-même.
En 1823, Émilie épouse Jean-Baptiste Gamelin et s'ingénie à collaborer avec lui pour subvenir aux besoins des démunis de la ville. Elle seconde ses activités et ses démarches.
Devenue veuve en 1828, elle découvre, en contemplant la Vierge au pied de la croix, la mission que Dieu lui confie : à l'avenir, son mari et ses enfants seront tous ceux qui souffrent de quelque façon. Elle parcourt les faubourgs de l'époque, recueille chez elle les dames âgées et infirmes les plus vulnérables et s'adjoint des bénévoles pour tenir la maison et lui prêter main-forte pour les diverses besognes; elle recourt aussi à des parentes et à des amies pour la seconder dans son action charitable. Femme d'affaires, elle verra à vendre des propriétés héritées de son mari afin de pouvoir subvenir aux besoins de ses protégées. Elle organise des bazars, visite les garde-robes des riches..., ce qui fera dire à certains, « cela ne coûte pas de donner à Madame Gamelin, car on sait que le tout sera bien utilisé, pour les pauvres ».
Au moment où Mgr Ignace Bourget décide de demander les Filles de la Charité de saint Vincent de Paul pour prendre la relève de l'œuvre de la Providence, Émilie s'offre à quêter afin de trouver les fonds nécessaires pour construire une maison pour les futures « Sœurs.
Devenue elle-même religieuse le 29 mars 1844, ses qualités d'organisation et de leadership sont reconnues et elle est élue supérieure dès le lendemain de sa profession, le 30 mars 1844; elle sera réélue à chaque élection.
Elle saura préparer les novices et les jeunes Sœurs à l'œuvre de charité et de Providence; elle se rendra disponible pour répondre à tous les nombreux besoins qui se présenteront; elle verra à répondre aux désirs des évêques qui veulent des maisons Providence dans leur milieu et accompagnera elle-même les Sœurs nommées pour ces diverses fondations.
Partout, elle est reconnue comme une « vraie Providence »; on la demande au chevet des malades et des mourants, on loue son dévouement et sa générosité.
Ce charisme de leadership, elle le passera d'une façon spéciale et sans le savoir à deux grandes femmes qu'elle a accueillies elle-même au noviciat : Esther Pariseau, le 26 décembre 1843 et Vénérance Morin, le 11 mai 1850. La première sera la pionnière de nos missions de l'Ouest américain et canadien tandis que la deuxième deviendra la fondatrice de la communauté de la Providence à Santiago, Chili.
Dans les journaux du temps, au lendemain de la mort de Mère Émilie Gamelin, survenue rapidement le 23 septembre 1851 on écrivait, « Gloire soit éternellement rendue à Dieu, qui a donné une semblable héroïne à notre siècle, un tel exemple à notre peuple. »

Bureau de la Cause Émilie-Gameliin

2014-12-11

Émilie Gamelin: la compassion en oeuvre

Ce fut dans le village de la Longue-Pointe que Mère Gamelin fonda sa première mission. Prévit-elle, dès ce moment , l'avantage que pourrait offrir cette situation .... : deux de nos œuvres  les plus considérables ont pris naissance en ce lieu, celle des sourdes-muettes et celle des aliénés. Au printemps de l'année 1846, mère Gamelin alla installer deux de ses filles dans la maison de la ferme St-Isidore, pour y ouvrir une école élémentaire. La première année, la classe comptait trente élèves.
Les sœurs exercèrent dans cette mission toutes les œuvres propres à la congrégation: l'hospitalité des orphelines et des infirmes, la visite des malades, etc... Pour s'assurer des ressources, elles prirent, dès la première année, des élèves en pension, ce qu'elles firent jusqu'en  1870.

En 1847, mère Gamelin fit ajouter une allonge considérable à la maison, devenue trop petite.

En 1852, nos sœurs ouvrirent à cet endroit, un hospice d'aliénés (malades mentaux). Les classes furent converties en cellules et dix-sept aliénés en prirent possession.  Depuis l'adoption qu'elle avait faite, à la mort de son mari, du pauvre idiot Dodais, elle avait toujours porté un singulier intérêt à ces infortunés. Dieu bénit cet œuvre, comme toutes celles qu'elle a entreprises. Le petit hospice de St-Jean-de-Dieu, en compte en 1900, dix-sept cents.
La petite graine devint le grand hôpital St-Jean-de-Dieu puis Hyppolite Lafontaine. Il abrita jusqu'à environ 6000 malade mentaux un jour.

Cette même année, la ferme St-Isidore donna l'hospitalité aux prêtres âgés ou malades, à qui l'infatigable charité de mère Gamelin avait ouvert, dès 1846, une maison de retraite.
Presqu'en même temps, on fit appel à mère Gamelin pour ouvrir un hospice à Laprairie (devenue La Belle Époque aujourd'hui). Elle se sentit d'autant plus inclinée à répondre à cet appel qu'il venait de la part de la société des dames de charité. Ces dernières avaient pris l'initiative de la visite et du soin des pauvres. Elles avaient même loué une maison pour y recevoir ceux qui n'avaient pas de demeure convenable.

C'est cette même maison que les dames remirent à mère Gamelin , le 15 mai 1846. Elle abritait à ce moment-là huit vieilles infirmes. L'arrivée des sœurs causa une grande joie parmi les familles pauvres du village. Malgré le peu de ressources de cette maison, qui dépendait uniquement de la charité publique, la fondation s'annonçait sous les plus heureux auspices... quand un incendie détruisit une partie du village dont une portion de l'hospice. Le feu s'arrêta à l'église.
Les sœurs et les pauvres infirmes, au nombre de quatorze, se réfugièrent au bord du fleuve. C'est là que notre vénérable mère, accourue dès le matin , les trouva au milieu de centaines de malheureux sans asile, groupés autour des quelques meubles et des quelques habits qu'on avait pu sauver du désastre.

Après avoir distribué autour d'elle, avec sa bonté et sa cordialité accoutumées, des consolations et des encouragements, la bonne mère repartit immédiatement pour la ville, ramenant à l'Asile les quatorze vieilles de l'hospice, pendant que les religieuses trouvaient refuge chez les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.

Mère Gamelin revint incessamment, accompagnée de sœur Caron, pour distribuer les secours les plus urgents à ces familles en détresse. Dans l'intervalle, des comités de secours s'organisèrent à la ville et dans les campagnes voisines, pour venir en aide aux incendiés. Nos sœurs furent chargées de distribuer les dons en argent, en aliments et en vêtements, et mère Gamelin, assistée de sœur Caron, présida dès le lendemain à la première distribution.

Les anciennes pensionnaires purent rentrer dans leur maison après les premières réparations,  dès le 24 septembre; leurs pauvres sans abris les y suivirent au mois de novembre..
Cependant, la pauvreté de la maison ne cessait pas d'être extrême ; on y manquait parfois du nécessaire. Mère Gamelin fut sur le point de rappeler ses religieuses. Elle dut céder à leurs instances car elles ne pouvaient se résoudre à abandonner leurs pauvres.


Moins d'un an plus tard, mère Gamelin était forcée d'ouvrir dans cette mission une salle d'orphelines . Plusieurs de ces pauvres enfants abandonnés ne pouvaient que très difficilement trouver  place dans d'autres établissements de charité. Pour subvenir aux besoins de ces nouvelles pensionnaires, les sœurs s'imposèrent un surcroît de travail et les plus grandes privations, jusqu'à se contenter pour leur nourriture, des restes des pauvres. 

Émilie faisait toujours confiance à la Providence et prenait souvent des risques pour le bien-être de ses malades. Elle a ouvert beaucoup de maisons pour couvrir les besoins des pauvres de son temps. C'est ce qui fait d'elle aussi efficace quand on lui confie les achats ou ventes de maison. Merci Émilie.

Auteur: Une sœur de la Providence inconnue