2015-12-16

Émilie Tavernier Gamelin, la femme insaisissable..


En cherchant autre chose dans mes fichiers, je trouve ce beau texte d'une homélie faite par le Père Gérald Chaput un jour. Je ne peux m'empêcher de vous le partager.


Il convient de rendre grâce pour cette femme insaisissable que fut, dans notre histoire, Émilie Gamelin. Rendre grâce pour le bien qu'elle a fait en tissant un maillage humain si serré avec les habitants de la périphérie qu'elle n'a perdu aucun de ceux que tu m'as donnés (Cf. Jn 18, 9).
Bien avant l'arrivée des réseaux sociaux actuels, cette femme initia en écoutant les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de son temps, un réseau de solidarité dont elle fut la tête dirigeante durant toute sa vie.  Ce matin, notre jubilation est de voir se poursuivre à travers une communauté, son entêtement à ne pas laisser sans voix les sans voix.
Femme insaisissable, contrairement aux us et coutumes de la nature humaine d'hier et d'aujourd'hui, elle n'a pas engrangé pour elle-même, ni comptabilisé à son profit tout ce qu'elle a entrepris pour donner voix aux sans voix. Elle était moins préoccupée à promouvoir sa renommée que par  sortir de la périphérie les laissés-pour-compte.

Femme insaisissable, vaillante, elle a fait voir à son entourage des vidéos qui n'intéressaient personnes. Elle n'était pas très empressée de garder pour elle des informations qu'on devait taire. Elle privilégiait plutôt de montrer ce qui ne se montrait pas. Ce qui ne se voyait pas. Elle a refusé de rayer de la carte ceux qui n'étaient pas montrables. Elle a porté une cause humanitaire, dirions-nous aujourd'hui. Personne autre que Dieu n'avait pouvoir sur elle parce que tout lui avait été donné d'en haut (cf. Jn 19, 11). 

Elle a proposé de lancer le bouton : je n'aime PAS du tout. Elle n'a pas hésité à «retweeter» au quotidien, la passion de Jésus devenue sa passion, pour le peuple de la périphérie. Son seul péché, à elle et à ses «followers», fut d'incarner la bonne nouvelle en redonnant de la dignité à ceux qui vivaient en mode exclusion. Si notre regard aujourd'hui nous entraîne au péché de ne pas sortir, débranchons-le (Mt. 18, 8) pour le rebrancher sur sa manière de vivre.

Femme insaisissable, elle ne vivait pas selon ce mode humain si revendiqué aujourd'hui, de tout tourner, retourner vers nous-mêmes. Elle ne vivait et ne pensait qu'en mode divin, mode désappropriation d'elle-même,   d'abaissement et de renoncement kénotique. Son «je» était Le sien. Ce n'est plus moi qui vis (Gal 2, 20). Son âme contemplative lui a fait abandonner tout contrôle sur sa vie. Elle ne se souciait que de vivre à la mode Jésus, celle de porter droitement et fermement (Imitation de Jésus Christ, livre III) comme lui la volonté de son Père : offrir une parole salutaire, de salut à tous.  

Le Dieu de sa foi était son tout. Son époux. Incarner Jésus était son tout. Elle ne désirait rien d'autre que cela. Elle ne goûtait que cela. Elle n'avait de goût que pour Dieu qu'elle voyait en se tenant en périphérie. Elle n'a pas manqué d'huile (cf. Mt 25,1-13) ni contristé (Ep 4, 30) l'Esprit de Dieu dans sa manière de vivre. Elle vivait une grande paix et une imprenable joie intérieure. Sa vie fut un retournement de la nature et de ses tendances égoïstes en mouvement de grande compassion pour les autres. Elle fut PROVIDENCE DE DIEU.  C'est ce qui mesure la qualité de toute vie chrétienne.

Aujourd'hui, l'Église de chez nous peut la considérer avec quelques autres, comme une pionnière d'une église «sorteuse» que le pape François nomme plus éloquemment, celle de la périphérie, ce lieu moins que fascinant mais qui a tellement séduit, sa vie durant, Jésus de Nazareth. Émilie Gamelin voyait la beauté de l'Incarnation dans son contraire: les très-bas.

Cette femme insaisissable a conservé toute sa vie l'inquiétude (pape François) de chercher Dieu non pas par le chemin de l'union à Dieu mais plutôt par celui de l'imitation de Jésus. C'était pour elle plus que du mimétisme mais bien de devenir son image et ressemblance auprès de moins que rien. Seigneur allume en nos cœurs une charité toujours en éveil pour qu'à son exemple, nous soyons de plus en plus la providence des pauvres (Oraison). AMEN.

2015-12-05

Émilie et les aînés

Les  aînés n'ont-ils pas  été  à  l'aurore de nos  existences, ceux qui ont guidé  nos pas, orienté nos actions, écarté de notre route les obstacles, et soutenu  de leurs  conseils  et de leur  prière, nos vies  d'adolescents  puis  d'adultes.

Émilie savait découvrir ceux et celles pour qui le grand âge fait bond arrière et qui se retrouvent parfois au matin de leur existence dans leur comportement physique et psychique; ceux-là qui ont besoin à leur tour d'une main tendue, d'un cœur accueillant, d'une âme faite de compassion et de compréhension, même si entre le point de départ et le point d'arrivée, il y eut parfois des ombres au tableau des générations.

Retrouvons-la, Émilie, la toute donnée, auprès de Dodais, l'être privé de raison, qui réclame d'elle les soins les plus empressés; pendant de longues années, elle oubliera sa jeunesse et sa liberté pour lui être disponible et dévouée. La vieille maman de ce pauvre idiot, la suivra de son regard reconnaissant et Émilie leur sera présente jusque dans la mort.

Suivons-la, Émilie, sur la rue Ste-Catherine d'alors( 1830…). Son grand cœur trouvait trop étroite la maison qui avait abrité Jean-Baptiste et leurs trois poupons. Partis, elle sollicitera espace plus grand pour les « aînées » qu'elle a vus de ses yeux, dans de pauvres mansardes. Et le bon curé du temps lui donnera le bas d'une école, à l'angle de la rue St-Laurent, pour seconder son désir de leur venir en aide.

Trop petit bientôt, ce local se déplacera vers l'ouest, et cette fois à l'angle des rues Ste-Catherine et St-Philippe, pour être à la mesure d'un cœur qui s'élargit, face à la souffrance du grand âge. Cette résidence  était située à l'actuel Complexe Desjardins.

Mais, à Dieu ne plaise, d'autres attendent et requièrent des services aussi nombreux que nécessaires. On emménagera ailleurs pour  donner libre cours aux dévouements multiples pour ceux que l'âge a  perclus ou obnubilés. Ces « aînés » ont droit à plus d'attention et plus  d'amour que quiconque, et Émilie ne compte plus les heures et les jours, ni les années mêmes, elle ne compte pas davantage sur sa propre sécurité, ni sur une vie rebâtie sur ses deuils ou ses possibilités; seul compte pour elle l'amour de Dieu -qui se fait Providence- dans un amour  du prochain, chaque jour renouvelé.


Et là, tout près, sur le versant nord de cette même rue Ste-Catherine, l'Asile de la Providence naîtra pour perpétuer, par Émilie et ses filles, ce don héroïque et persévérant dont Montréal bénéficiera jusqu'à l'aurore de l'an 2000. C'est ce qu'on appelle des « aînées" devenues aînées à leur tour, pour préparer la voie aux aînées de demain, car ainsi va la vie sous le regard de la Providence.  

Extrait d’une lettre de sœur Thérèse Frigon, s.p.

2015-11-28

Prière à la Providence par l'intercession d'Émilie Gamelin

Dieu-Providence, toi qu’Emilie a reconnu dans l’enfant orphelin, dans le jeune sans travail, dans le couple en difficulté, dans le malade isolé, dans le pauvre sans toit, dans le vieillard sans ami, fais qu’à son exemple nous donnions de notre confort et de notre temps pour te servir en eux.

Accorde-nous la faveur que nous sollicitons par son intercession… si telle est ta sainte Volonté. (Prière finale)

Providence de Dieu, Toi qui as fait don à Emilie d’une charité toute compatissante pour tous ceux qui souffrent, souviens-toi de sa foi, illumine de ta clarté la route de ceux et celles qui t’implorent par son intercession et glorifie ta fidèle Servante, la Bienheureuse Emilie Gamelin. Amen.


2015-10-27

Les amis d'Émilie

Un peu remise du décès de son époux et de ses enfants, Émilie découvre que les besoins dépassent de beaucoup les ressources disponibles à Montréal. Dès 1829, deux ans après la mort de tous ses êtres chers, elle décide d'ouvrir sa propre maison à celles qui seront au coeur de son oeuvre : les dames âgées.

 L'année suivante, elle obtient l'autorisation d'utiliser le bas d'une maison du faubourg Saint-Laurent pour installer « ses vieilles ». Madame Gamelin peut compter sur divers appuis pour nourrir, vêtir et chauffer ses protégées.

La vie en groupe de ces femmes d'origines diverses n'est pas toujours de tout repos, et Émilie fait tout pour que règne l'harmonie. Celles qui le peuvent aident à gagner le pain quotidien, par leurs travaux à l'ouvroir ou en quêtant. Émilie frappe aux portes des plus nantis ou encore demande qu'on lui laisse les restes de table des hôtels de la ville.

En 1836, M. Olivier Berthelet, un donateur généreux, se laisse émouvoir par la grandeur de l'oeuvre et offre à Madame Gamelin l'usage de la grande « Maison jaune ». Elle achète, à même ses fonds, le terrain adjacent qui permet d'avoir accès à un puits et à des arbres fruitiers. La maison, située près de l'évêché, est visitée par les prêtres. Elle pourra abriter jusqu'à 32 femmes et sera également le berceau de la future communauté religieuse.

Publié au site de l'ancienne Communauté virtuelle Affinitiz par Th. Dr.
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La Providence des pauvres


Portrait d’une femme

Emilie Tavernier-Gamelin, fille d’Antoine Tavernier et de Marie-Josephte Maurice, naît le 19 février 1800 à Montréal sur la Terre Providence. Enfant, elle perd sa mère. Une vie bousculée par les épreuves et les séparations ouvre son esprit aux misères humaines.

Emilie Tavernier épouse Jean-Baptiste Gamelin, un pomiculteur de Montréal. Trois enfants naissent de cette union. La maladie foudroie cette famille: en cinq ans, Émilie perd ses enfants et son mari.

À travers ses souffrances, Émilie Tavernier-Gamelin bâtit une œuvre sociale qui rejoint le projet des autorités religieuses face à une mauvaise conjoncture économique, à une immigration massive, à une incurie du gouvernement et à une société canadienne- française en proie aux injustices et aux misères de la colonisation sous le régime anglais.

Instigatrice reconnue de multiples œuvres de charité, elle s'y consacre pleinement et généreusement. Elle organise l’association des dames de l’Asile de la Providence et, en 1843, Émilie Tavernier-Gamelin fonde la communauté des Filles de la Charité, Servantes des Pauvres, dites Sœurs de la Providence.
Surnommée La Providence des pauvres, cette femme au cœur attentif parcourt, tout au long de sa vie, un sentier qui fait d’elle, au 19e siècle, une femme d’action au cœur de l'Église canadienne dans un esprit de compassion, de charité et de service. 

Tiré d’un livret sur le Musée de la Providence, 12o55 rue Grenet, Montréal, 

2015-09-25

ÉMILIE EST PASSÉE...

Comme Jésus, dont on dit qu’il est passé en faisant le bien car il ne peut s’empêcher d’aller vers toute souffrance, Émilie, elle aussi, par sa vie et son œuvre a laissé passer Jésus pour faire le bien aux pauvres, aux malades, aux personnes qui sont seules, abandonnées. Toutes les œuvres d’amour qui sont sorties de son cœur témoignent qu’elle portait Dieu.

  L’histoire de la vie d’Émilie témoigne qu’elle était mue par un grand humanisme, mais surtout qu’il y avait en elle un amour de compassion qui lui faisait contempler la dignité qui habite tous les souffrants de la terre.

Cet humanisme et cet amour de compassion : deux pôles qui ont permis au Christ de dire son amour et d’être proche des enfants orphelins, des personnes âgées, des victimes du typhus, etc… en passant par Émilie.

Cette force en elle est encore vivante aujourd’hui.  Des merveilles de guérison, de compassion, de dévouement, d’amour se réalisent de nos jours, par la présence et l’intercession d’Émilie, celle qui a voulu se faire ‘la servante et l’amie des pauvres’.  Bien plus, nombreuses sont les personnes qui veulent la prendre pour modèle, alors son cheminement de vie devient leur cheminement, ses pieds sont leurs pieds;  Émilie marche où nous marchons, elle s’arrête où nous nous arrêtons, elle parle quand nous parlons. 

Émilie, continue de vivre dans nos vies,
 dans tous nos gestes de compassion.

Publié par Thérèse Dr.
Conférence du postulateur Fitzpatrick



2015-09-23

Bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin


165ième anniversaire du décès d'Émilie:

Née à Montréal en 1800, Émilie Tavernier apprend de sa mère la confiance en Dieu-Providence. Au fil des épreuves que sont la mort de ses parents, de sa soeur, de deux de ses frères, puis celle de ses enfants et de son mari, Jean-Baptiste Gamelin, germe en son cœur une compassion profonde. Les itinérants, les orphelins, les sans-travail, les prisonniers, les sourds, les isolés, les malades, voilà sa famille. Émilie gagne des parentes et des amies à ses gestes de dévouement.  À la demande de Mgr Bourget, la Congrégation des Sœurs de la Providence est fondée en 1843. Engagée comme laïc, puis comme religieuse, Émilie Tavernier-Gamelin demeure un modèle pour notre temps parce que "des pauvres, il y en aura toujours parmi nous".


Extrait du Prions en Église : Messe de la Bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin (24 sept)

2015-09-17

Qu’est-ce qu’une personne de compassion?

La première personne qui me vient à l'esprit est une fille née ici, à Montréal, il y 215 ans. Toute sa vie, elle a répondu fidèlement aux besoins des personnes. Elle a laissé un héritage qui demeure bien vivant : celui de la compassion pour les pauvres, de la générosité et d’une confiance profonde en la Providence. Nous femmes et hommes de la Providence la connaissons sous le nom d’Émilie Tavernier Gamelin. L'Église a confirmé cet héritage en faisant d’elle la Bienheureuse Émilie Tavernier-Gamelin. Les récits illustrant sa foi, son audace et son dynamisme pour répondre aux besoins des pauvres continuent à influencer notre foi, notre vie, nos relations et notre service.
La bienheureuse Émilie, femme de compassion, savait faire preuve d'empathie et agir pour les autres dans leurs moments  de souffrance et de joie. Sa compassion incarnait ce que Meister Eckhart, moine dominicain allemand, enseignait : « Ce qui arrive à l’autre que ce soit une joie ou une peine, m’arrive à moi ... ; la compassion c’est là où la paix embrasse la justice. » 

Qui est une femme/un homme de compassion aujourd'hui?  Une personne de compassion ...

reconnaît le caractère sacré de sa personne, de l’autre et de la terre et respecte ce caractère. L’amour, l’humilité et l’unité émanent de sa présence;

s’émeut aussi bien du chagrin que de la joie de l’autre. Souvent, la personne en larmes est poussée à agir pour être une avec l’autre. Parfois cette action consiste simplement à être présente à l’autre, et les mots sont alors superflus;

est constamment présente pour écouter, encourager, provoquer et partager, avec les personnes nécessiteuses, le rôle mutuel de donner et recevoir la compassion;


est aussi attentive que Marie aux noces de Cana. Une telle personne est en mesure de ressentir et de connaître en profondeur qui est l’autre et où il est. Dans l’action, et parfois même sans paroles, cette personne transmet le message: « Tu n’es pas laissé(e) à toi-même... »;

elle possède la créativité et la vision des possibilités. ;

est sensible à la situation de l’autre. En allant vers celui-ci, elle peut reconnaître et procurer les ressources internes et externes qui créeront quelque chose de neuf.

2015-09-15

En cette fête de Notre-Dame des Douleurs....

« Il y a cependant une dévotion de Mère Gamelin qu’il faut détacher de toutes les autres, parce qu’elle a animé toute son œuvre et qu’elle l’a laissée en précieux héritage à ses filles. C’est la dévotion à Notre-Dame des  Sept Douleurs. Voilà ce qui a joué un rôle décisif dans sa vie.
Prostrée par la mort de son mari et de ses enfants, épouse et mère sans postérité, elle frôlait, une fois dans sa vie, l’abîme du désespoir, quand son directeur, M. Bréguier dit Saint-Pierre, lui fit présent d’un tableau de Notre-Dame des Douleurs. Contemplant l’immense compassion de Marie, qui communiait aux souffrances de son Fils perdu et retrouvait par là une maternité innombrable sur les pécheurs rachetés, madame Gamelin reconnut la signification de sa propre douleur. Elle comprit que la maternité de la chair, plénitude naturelle de la femme, n’épuisait pas les capacités de son sexe. Sa foi et son éducation l’avaient préparée à comprendre qu’une fécondité infiniment plus riche lui restait accessible.

C’est alors qu’elle s’était levée et avait quitté sa maison, pèlerine du bon secours, pour recueillir et embrasser dans un amour élargi tous les abandonnés et les sans-soutien de sa ville. Méditant les douleurs de la Vierge, de station en station de la Passion, la vertueuse veuve éprouva l’efficacité infinie de la souffrance rédemptrice. Cette révélation l’anima désormais. Mis dans la confidence, Mgr Bourget ne put que seconder cette inspiration vivifiante. Car, c’est en la fête des Sept-Douleurs de la Vierge qu’il établit la famille de la Providence, pour que, chaque année, l’action de grâce fût retrempée dans la compassion virginale. Mère Gamelin n’aura rien de plus à cœur que d’inculquer à ses filles ce mystère de mort et de vie, par lequel sa propre souffrance avait fleuri et porté ses fruits. »

Mère Gamelin, femme de compassion, p 66 et 67
Image de Notre-Dame des Douleurs 
L’infolettre du Centre International Providence
 15 septembre 2013

Pour demander une faveur à Émilie par l'intercession de la Vierge des Douleur  : heritage1843@yahoo.ca
offerte à Madame Gamelin par son confesseur en 1827.




2015-09-03

Les pauvres avaient toujours de quoi manger, se vêtir et se loger...

Vie  de Mère Gamelin (chapitre 1V, pp. 33-34)

Son refuge, qui compta bientôt trente internes, constituait déjà, pour ses ressources, une œuvre considérable. Elle (Mme Gamelin) avait à pourvoir à toutes les dépenses du loyer, du chauffage, de la nourriture et du vêtement. Que de fois, ne sachant où aller tendre la main, le cœur gros d’inquiétude, voyant ses pauvres sur le point de manquer de nourriture, elle s’était demandé si elle n’avait pas trop présumé de ses forces et tenté la divine Providence, en s’aventurant dans une œuvre dont le lendemain demeurait incertain. Mais Dieu, qui nourrit les oiseaux du ciel et pare le lys des champs, ne l’avait jamais laissée sans secours.

 Dieu, qui nourrit les oiseaux du ciel et pare le lys des champs, ne l’avait jamais laissée sans secours.

Un jour d’hiver, entre autres, où elle venait d’acheter quelques cordons de bois, il ne lui restait pas un sou pour se procurer le dîner de sa maisonnée, qui avait mangé le matin même son dernier morceau de pain. En proie à la plus vive inquiétude, elle entra dans l’église Notre –Dame et,  se prosternant au pied du tabernacle, elle versa des larmes abondantes,  «Seigneur, disait-elle, ne savez-vous pas que vos pauvres n’ont plus rien  à manger?» Puis elle se releva pleine de courage, sûre que le Dieu de l’Eucharistie avait entendu sa plainte. Essuyant ses larmes, elle allait se rendre au marché pour y tendre la main, quand un vieillard vénérable s’approcha d’elle et lui dit: «N’êtes-vous pas cette dame Gamelin qui s’occupe des pauvres?» Et sur sa réponse affirmative, il lui remit un billet de vingt-cinq louis. Elle n’eut pas le temps de le remercier, il s’était déjà éloigné.
Qui se refuserait à voir dans ce fait une intervention extraordinaire de Dieu?
 Madame Gamelin conçut alors le projet de former une société de dames qui l’aideraient dans la visite des pauvres à domicile et dans les quêtes journalières que nécessitait le soutien de son asile. Elle jouissait de la  confiance générale. À ce moment, les critiques qui avait accueilli le commencement de son œuvre étaient tombées devant sa persévérance et son succès . On sentait qu’elle avait une mission providentielle à remplir.

Pain Providence p.38

2015-08-20

Mère Gamelin, femme d'espérance...


" Appuyée sur les mérites de mon Sauveur, je suis pleine d'espérance ". (retraite de 1848)

Émilie Tavernier, cadette d'une famille de quinze enfants, naît sur un terrain qui a nom " Terre Providence ", et dès son éveil, elle apprend de sa mère que le mot " Providence " veut dire : Dieu qui prend soin de ses créatures.

Orpheline de mère, dès l'âge de quatre ans, elle connaît la séparation de ses frères et de son unique sœur, puisqu'elle se voit transplantée dans un autre foyer, celui d'une tante paternelle. De nature sensible elle souffre, mais elle trouve réconfort dans le don d'elle-même aux autres... vertu héritée de sa mère.

Une espérance l'habite... Émilie rêve de fonder un foyer bien à elle, ce dont elle a été privée. A 23 ans, elle contracte mariage avec Jean-Baptiste Gamelin; ils forment un couple chrétien et heureux et trois enfants naissent de cette union.

Pourtant, la Providence a autre chose à lui proposer... Le projet de Dieu va bouleverser la vie d'Émilie. Voilà que son rêve s'évanouit avec le décès de ses deux premiers enfants, de son mari et de son troisième enfant. Désolée, mais non abattue, elle se tourne vers la Vierge de la Compassion et découvre que le Seigneur la prépare à une autre mission.

Sa vie prend une nouvelle orientation... Elle accepte dans la foi de vivre une espérance transformée. A cette époque les besoins sont grands à Montréal... elle découvre bientôt que " souffrir aide à compatir "; à l'avenir, son mari, ses enfants... ce seront toutes les misères humaines qu'elle rencontrera, elle s'y dévouera, assurée qu'elle collabore au plan de Dieu sur elle, Lui qui " semble la conduire par la main "... En tout abandon, elle s'en remet à Lui, assurée qu'elle est là où II la veut!

Un jour Émilie apprend que son évêque désire confier à une communauté religieuse française, l'œuvre de charité compatissante que sa " fidèle diocésaine " dirige depuis 15 ans. Elle l'assiste dans les préparatifs de leur venue, et lorsque Mgr Bourget lui annonce que " les Sœurs de France " ne viennent plus, elle le secondera dans sa décision de fonder une communauté canadienne. Son espérance lui fait découvrir que Dieu réaliserait, à sa façon, son plan sur elle et sur son œuvre...

Lorsque l'appel à prendre rang parmi les nouvelles Sœurs se fit sentir, Émilie y voit encore le projet de Dieu, elle devient Sœur Gamelin, sous l'habit des Sœurs de la Providence. " Pleine d'espérance et appuyée sur les mérites de son Sauveur ", elle restera debout comme la Vierge du Stabat, même lorsque les contradictions, les difficultés surgiront... assurée que " tout tourne au bien de ceux qui aiment Dieu ". Elle s'appuie sur la force de Dieu, sur sa Providence, sur sa miséricorde, pour poursuivre sa route sans regarder en arrière. C'est pourquoi, lorsque le 23 septembre 1851, le Seigneur l'appelle à Lui, elle se remet comme un simple instrument entre les mains du Père, de qui elle attend toute miséricorde.

Emilie née sur la " Terre Providence ", devenue Sœur de la Providence, pleine d'espérance, rend son âme à Dieu, dans la Maison de la Providence.

Soeur Thérèse Frigon, s.p. / Responsable du bureau de la Cause Émilie Gamelin

2015-08-05

Un pas de plus dans la connaissance d'Émilie Gamelin

Madame Gamelin est devenue Sœur Gamelin. Il lui a fallu couper court à des exigences sociales, à des liens étroits qu la retenaient à de bonnes amies, à des parentes chères. A preuve, sa lettre qu,elle écrit à la cousine Fabre, au soir même de sa prise d’habit. L’évêque ne leur dit-il pas : »Vous ne serez plus dans le monde pour assister à ses fêtes et à ses spectacles, mais pour entendre les gémissements des malheureux, essuyer les pleurs… donner à manger à ceux qui ont faim, soigner les malades, etc.» 

Elle a dû couper court même à d’autres associations pieuses : la Confrérie de la Ste Famille dont elle fait partie depuis 1828 enregistre cette note : «  à l’assemblée du 7 nov. 1843, Mme Veuve Gamelin, née Émilie Tavernier, entrant dans la communauté des Sœurs de la Providence, prévient la Confrérie qu’elle ne peut plus assister aux assemblées et se recommande aux prières de ses consœurs auxquelles elle demeure unie de cœur et d’esprit. »


Émilie a déjà depuis longtemps semé la contagion autour d’elle! Les Dames de la plus haute société la secondent de leur présence et de leurs deniers, quand il s’agit des pauvres. Elles ouvrent leur garde-robes et affirment : « on ne craint pas de donner à Madame Gamelin, elle sait si bien mettre tout à profit pour ses pauvres. » Elles continueront de l’assister et de l’aider. Et Sœur Gamelin le leur rendra bien : elle organisera chaque année pour elles, une retraite à l’intérieur de l’Asile, et leur fournira avec le secours spirituel, gîte et couvert, ce que ces dames ne manquent pas d’apprécier pour leurs journées de prières et de réflexion.

Cette contagion, ses vieilles aussi en sont prises.. A l’intérieur de la maison de la Providence et même à l’extérieur, l’on entonne et l’on chante le cantique qui traduit si bien ce qu’en son âme Émilie vit à plein : sa confiance en la Providence. Chez elle «  la bouche parle vraiment de l’abondance du cœur! » et la confiance la pousse à toutes les audaces.


Appuyée sur ce « roc » inébranlable, Émilie avance toujours plus dans les voies de la Providence, elle ressent toutes les exigences de ce nouveau don d’elle-même, et seule une âme de sa trempe pouvait rester sereine devant tant d’obligations à assumer…
(Tiré d'une conférence de sœur Thérèse Frigon)

2015-08-01

Aimer à la manière d'Émilie Gamelin



Aimer, c'est compatir!             

Aimer est un mot galvaudé. Aimer, c'est s'intéresser vraiment à quelqu'un, lui être attentif; c'est le respecter tel qu'il est, avec ses blessures, ses ténèbres et sa pauvreté, mais aussi avec ses potentialités, ses dons peut-être cachés; c'est croire en lui, en ses capacités de grandir, c'est vouloir qu'il progresse; c'est avoir pour lui une espérance folle: « Tu n'es pas foutu, tu es capable de grandir et de faire de belles choses, j'ai confiance en toi. » C'est se réjouir de sa présence et de la beauté de son cœur, même si elle reste encore cachée; c'est accepter de créer avec lui des liens profonds et durables, malgré ses faiblesses et sa vulnérabilité, ses capacités de révolte et de dépression. Si souvent je ne m'intéresse à quelqu'un que lorsque je sens que je peux lui faire du bien et avoir ainsi le sentiment d'être quelqu'un de bien ! A travers lui, c'est moi que j'aime. C'est facile d'aimer quelqu'un quand cela m'arrange ou parce que cela me donne le sentiment d'être utile, de réussir. Aimer c'est bien autre chose. C'est être assez dépouillé de moi- même pour que mon cœur puisse battre au rythme du cœur de l'autre, que sa souffrance devienne ma souffrance. C'est compatir.   Jean Vanier

2015-07-30

Comme Émilie: compassion pour tous


·        Faire preuve de compassion : accompagner une personne dans l'écoute, le non-jugement, l'acception de ce que la personne vit. Lui donner espoir, lui aider à ce qu'elle trouve la sérénité. Prier pour elle et, si elle le désire, prier avec elle.

·  «Ne pas tomber dans la pitié : on limite alors la personne:« Elle fait donc pitié, elle ne 
s'en sortira jamais... »Comme si la personne n'avait pas intérieurement ce qu'il faut pour s'en sortir ou pour passer à travers l'épreuve qu'elle vit.

·        Croire à l'amour inconditionnel du Père Providence envers chacun de ses enfants : dans leurs limites de toutes sortes, dans leurs faiblesses, particulièrement lorsqu'il y a une dépendance à l'alcool, au jeu, etc.
·        Se rappeler également l'amour qu'Émilie et son mari ont eu pour  Dodais: les personnes avec de lourds handicaps, un handicap mental, de graves dépressions, la démence, les pertes cognitives... aux yeux de Dieu, il n'y a aucune différence et s'il y en a une, c'est qu'il aime peut-être un peu plus ces personnes tout comme il aime également les brebis perdues.


·        Une personne qui a compris que l'amour du plus petit passe par notre           présence est certainement   Jean Vanier.

2015-06-27

UNE PLACE PUBLIQUE nommée Place Émilie Gamelin

Un terrain situé à l'intersection des rues Berri et Ste-Catherine, à Montréal, aura changé de fonction à trois reprises : d'abord un édifice, appelé Asile de la Providence, fut construit en 1841 pour venir en aide aux malades, aux vieillards et aux sans-abri. C'est en ce lieu que fut fondée l'Oeuvre de la soupe, une œuvre charitable qui distribua, pendant près de 120 ans, pas moins de 500 bols de soupe par jour aux nécessiteux.

En 1963, la Ville de Montréal achète ce terrain afin de permettre la construction du métro. Au cours de la démolition un incendie ravage ce qui reste de l'Asile.Par la suite, l'endroit est occupé par un terrain de stationnement durant près de 30 ans, puis on choisit d'en faire une place publique, aménagée en 1992, puis appelée définitivement Place Émilie-Gamelin, en 1995, en l'honneur d'Émilie Gamelin qui a arpenté les rues du quartier, rencontré des démunis, visité des prisonniers, soigné des malades et y a laissé sa vie, à l'âge de 51 ans.

Le site est aujourd'hui occupé occasionnellement par des festivités et, de façon plus régulière, par des sans-abri, les amis d'Émilie.

Cet été 2015, on y a aménagé LES JARDINS GAMELIN, avec tables et parasols, resto-bar-café, culture de fleurs, légumes et  petits fruits vendus au kiosque. Du 2 au 12 juillet, des activités de cirque seront présentées selon le programme :
‘‘Montréal complètement cirque’’

Rejoignons les artistes, les professionnels et le public pour prolonger le plaisir. Émilie Gamelin s’en réjouira sûrement.

2015-06-20

Liens entre la Parole de Dieu (Mt 6, 23-34) et la vie d’Émilie Gamelin

Tiré du PAIN PROVIDENCE : Mt 6, 25-34

Voyez combien l"Évangile selon St Matthieu s'applique parfaitement à la vie d'Émilie Gamelin, elle dont la confiance en la Providence a rendu si audacieuse au service des pauvres



Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que  mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le vêtirez. (v25)

-          « Elle avait à pourvoir à toutes les dépenses du loyer, du chauffage, de la nourriture, et du vêtement ».

Ne vous inquiétez donc pas du lendemain.(v34)

-          Elle s’était demandé si elle n’avait pas trop présumé de ses forces ou tenté la divine Providence, en s’aventurant dans une œuvre dont le lendemain demeurait incertain.

Voyez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit. (v26)

-          Dieu, qui nourrit les oiseaux du ciel et pare le lys des champs, ne l’avait jamais laissée sans secours.

Votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. (v 32)


-          Se prosternant au pied du tabernacle, elle versa des larmes abondantes : « Seigneur, disait-elle, ne savez-vous pas que vos pauvres n’ont plus rien à manger? »

Cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît.(v33)

-          Elle allait se rendre au marché pour y tendre la main, quand un vieillard vénérable s’approcha d’elle (Il lui demanda: ''Ëtes-vous cette dame Gamelin qui s'occupe des pauvres?''…) et lui remit un billet de vingt-cinq louis.



2015-06-02

Une mystérieuse histoire de la vie d'Émilie Gamelin

Vie de Mère Gamelin (chapitre V11, PP. 123-124)


Notre vénérée mère puisait dans son inaltérable foi en la Providence la confiance dont elle avait besoin au sein des embarras et des exigences d’une administration qui allait se compliquant. Elle avait mille moyens ingénieux pour calmer les inquiétudes et ranimer la confiance.

Elle avait mille moyens ingénieux pour calmer les inquiétudes et ranimer la confiance.

Un jour, la sœur cuisinière vint l’avertir qu’il n’y avait rien pour le dîner: «Ne craignez pas, ma fille, lui dit- elle paisiblement, la Providence ne saurait manquer de nous envoyer notre dîner. Venez avec moi, nous irons chanter, pour prouver que nous sommes nullement inquiètes,» et elles se rendirent à la salle des vieilles; celles-ci, en voyant arriver la mère, vinrent se grouper autour d’elle, à leur habitude: «J’ai une faveur à obtenir tout de suite de la divine Providence, leur dit-elle, voulez-vous m’aider à chanter notre beau cantique?» Et aussitôt les bonnes vieilles, se recueillant, mêlèrent leur voix chevrotante à celles de la mère et de sa compagne, qui chantaient à pleine voix le cantique suivant:       

          S’il verse ses richesses
          Sur la fleur du printemps, 
          S’il étend ses largesses
          Jusqu'à l’herbe des champs,
          Que fera sa tendresse
           Pour l’homme qu’il chérit,
           Pour l’être où sa sagesse
           Imprima son esprit?

En quittant la salle, mère Gamelin se rendit à la cuisine. Elle y trouva quelques restes du dîner de la veille, à peine suffisants pour le repas de cinq ou six personnes: «Faites-les réchauffer, dit-elle en riant à la sœur cuisinière, et vous verrez que vous pourrez servir votre dîner.» En effet, le repas de toute la maison fut servi; les plats de chaque table furent remplis; et il en resta après le dîner.


La dépositaire de l’époque et celles qui l’ont suivie assurent que ce miracle de la Providence s’est renouvelé plusieurs fois, et que des provisions, qui auraient dû s’épuiser en une semaine, durèrent des mois entiers, sans paraître diminuer.

Ref: Le Pain Providence

2015-05-31

La compassion

La compassion pour moi c'est:
. une tape sur l'épaule de quelqu'un pour l'encourager
. un sourire aux personnes que je croise sur la rue
. un bras pour aider une personne aveugle à traverser la rue
. écouter avec le coeur une amie
. accueillir la personne blessée
La compassion c'est une réalité qui nous propulse hors de nous, nous pousse vers les autres, nous rend créatifs et créatives pour nos frères et nos soeurs dans le besoin.

Lucille

Parole de Jean-Paul 11

« Regarder la vie d’Emilie Gamelin, c’est voir l’amour et la compassion en son cœur, dans le service du prochain.

Toute petite déjà, elle insistait pour obtenir la permission de dresser la table et de servir aux pauvres des repas quotidiens, ce qu’elle appelait la ‘Table du Roi’. Jeune épouse et même après le décès de son mari et de ses enfants, elle continue de pratiquer ce service. Elle visite les malades à domicile, s’occupe des orphelins, adopte un garçon mentalement retardé, accueille chez elle des femmes âgées et handicapées, distribue chaque jour nourriture et vêtements aux gens dans le besoin. Elle visite et réconforte les détenus, aide des jeunes filles à se trouver un emploi. Elle vend sa maison pour en acheter une plus grande afin d’y héberger un nombre croissant de démunis et d’infortunés qui viennent à elle…


Comme la ville de Montréal est en pleine croissance, l’évêque Ignace Bourget, décide de fonder une congrégation religieuse féminine pour s’occuper des pauvres, et de lui donner le nom de Sœurs de la Charité. Il a trouvé en Emilie la fondatrice qu’il fallait…» Aujourd'hui la communauté fondée par Émilie Gamelin et Mgr Bourget s'appelle Sœurs de la Providence. Elle continue à servir et à aimer les pauvres à l'exemple de leur fondatrice et dans la mesure de leur force.

2015-04-19

ANNIVERSAIRE DE NAISSANCE DE MERE JOSEPH-DU-SACRE-CŒUR

Qui est Mère Josph-du-Sacré-Coeur?

Une dame qui demande à Mère Gamelin en personne à être admise dans la communauté des Soeurs de la Providence.
Aujourd’hui nous célébrons le 192e anniversaire de naissance de Mère Joseph-du-Sacré- Cœur.Nous rendons grâce à Dieu Providence pour le don de sa vie comme Sœur de la Providence. Voici un rappel de son histoire, extraits du livre II m’a donné une flamme, Collection Providence.
« Mère Joseph était une femme prophétique, une femme que le
difficultés n’arrêtaient pas. Elle dut affronter maintes oppositions
et, à l’instar des autres pionnières de son époque, surmonter les
obstacles de communication que créent les barrières culturelles

tout comme les répressions sociales du dix-neuvième siècle. Toutefois
elle partagea, avec ces mêmes pionnières, la détermination,
l’endurance, le désir d’atteindre son objectif. » (introduction)


Esther... c'était un nom puissant, un nom riche dans l'histoire biblique celui d'une héroïne qui risqua tout pour ses sujets et qui fit passer leurs besoins avant sa propre vie, une histoire familière à la famille Pariseau.


« Esther, que demandez-vous à l’Église de Dieu ?
La foi. »

Ce sera probablement la plus courte réponse qu’Esther Pariseau n’aura jamais formulée une question concernant ses aspirations ou ce qu’elle était appelée à devenir, (p. 1)
Le 26 décembre 1 843, Esther, accompagnée de son père, demandait à être acceptée chez lesFilles de la Charité, Servantes des Pauvres. Mère Émilie Gamelin les rencontra à la porte de l’Asile,ce jour-là. Esther fut impressionnée en présence de cette femme qui était : respectée de Mgr  Bourget et qui était publiquement reconnue pour son engagement envers les pauvres. Elle se trouva tout à fait interloquée, mais il n’en fut pas ainsi pour son père.

« Madame, je vous amène ma fille. La famille a prié avec elle pour demander des lumière: C’est un grand sacrifice de nous séparer d’elle... Elle peut faire beaucoup de choses, » et avec une note de fierté, « elle peut lire, écrire et compter correctement. Elle peut cuisiner, coudre et filer, et bien faire toutes sortes de travaux domestiques. » Alors, regardant 
    carrément Esther, il ajouta : « Madame, elle a appris la menuiserie à mon école et elle peut 
     manier les outils aussi bien que moi. »
Il parla de sa persévérance à accomplir un travail et de son habilité à superviser celui des autres; sûrement que la tenue de la maison Pariseau l’avait prouvé. Sa recommandation finale fut la suivante : « Un jour, elle vous fera une très bonne supérieure. »

Telles furent les lettres de créance d’Esther en cette journée froide où elle regardait le nouvel Asile, et MèreGamelin, debout, écoutant attentivement un père fier, qui, selon lui, avait présenté « notre cadeau de Noël au Divin Enfant. » (p. 7)
« La vénérée fondatrice des missions de l’Ouest, Mère Joseph-du-
Sacré-Cœur, a été reconnue par divers groupes pour ce qu’elle fit et
pour ce qu’elle fut. En 1 953, ses talents en sculpture et en architecture
furent reconnus dans un hommage présenté par l’Institut Américain des 
Architectes, lui décernant le mérite d’être la première architecte du
Nord-Ouest. La reconnaissance de 1980 la conduisit du petit cercle
missionnaire des années 1800 à un niveau nationalement reconnu
quand, choisie par l’État de Washington comme l’une de ses deux
représentants, sa statue, sculptée par Félix de Weldon, fut placée dans
la Salle de la Statuaire à Washington, D.C., de même que dans
l’édifice du Capitole à Olympia, Washington. Cette courte biographie
ne représente qu’un mince tribut à une grande femme dont le génie et
les rêves ne furent que compassion et sollicitude. » (p. 110)

Alba Letelier, s.p.

2015-04-16

DU NOUVEAU… AU SUJET D’ÉMILIE

Nous ignorions que Monsieur Jean-Baptiste Gamelin, avant de mourir, avait eu l’heureuse inspiration, dans sa grande générosité, d’assumer les frais d’études d’un jeune garçon qui voulait devenir médecin.  Il s’agissait de Bernard Dansereau qui deviendra plus tard médecin à l’Hôpital Saint-Jean-de-Dieu, au temps de Sœur Thérèse de Jésus (Cléophée Têtu), Sœur de la Providence et fondatrice de l’Hôpital mentionné.  Ce détail nous est fourni par François Gravel, auteur du volume ‘Bonheur fou’ qui ajoute que le montant versé par M. Jean-Baptiste Gamelin, pour la formation du jeune Bernard Dansereau fut géré par Madame Émilie Gamelin.

L’auteur du volume nous révèle également que la mère de Bernard Dansereau souffrait de dégénérescence mentale, une maladie qui met du temps à faire son apparition.  Jusqu’à ce qu’il ait terminé ses études, sa mère était parfois incohérente mais le jeune médecin attribuait son comportement à la fatigue, au surmenage.  En l’espace de quelques mois, elle est devenue méconnaissable. Elle qui avait toujours fait preuve d’une certaine réserve, elle s’est mise à dire des grossièretés, à oublier le nom de son fils, puis le sien, et négligeait son entretien personnel.  C’est Madame Gamelin qui l’a accueillie chez elle. «Une sainte femme, cette  Madame Gamelin, elle qui s’était fait connaître comme l’ange des prisonniers politiques », concluait-il.

Tiré du volume ‘Bonheur fou’, par François Gravel, 1990.


 Selon ce livre, le docteur Dansereau fut un chercheur émérite qui a fait des découvertes intéresantes dans le domaine de la santé mentale.