2017-02-08

LE CHARISME D’ÉMILIE GAMELIN

Parler du charisme d'Émilie, une femme qui a considérablement marqué Montréal dans la moitié du 19e siècle, c’est parler de l’Évangile en action, c’est parler de «c’est quoi être chrétien et chrétienne » et c’est aussi  croire en la bonté infinie de Dieu, en sa Providence divine, en sa miséricorde pour devenir à notre tour, le visage humain, l’instrument de la Providence, porteur, porteuse d’espérance. C’est ce qu’a été  Émilie dans le temps où elle vivait sur cette terre. Durant toute sa vie,  Émilie a vécu l’expérience de l’amour,  qu’elle-même a tenté de faire vivre à d’autres.

Le charisme d’Émilie Gamelin a pris naissance durant son enfance par différentes expériences : lorsque sa mère la met en contact avec les pauvres, que son frère lui permet d’organiser  la Table du Roi et d’y recevoir des pauvres ; il y eut également ses années avec son mari qui était déjà engagé dans diverses activités caritatives. 

Émilie a connu plusieurs deuils, d’abord sa mère, puis son père et encore et encore… de deuil en deuil… de don de soi en don de soi… de compassion en compassion… de charité en charité... Émilie se fortifie toujours en se tournant vers la Providence, en se disant que celle-ci ne va pas abandonner ses enfants. Son chant préféré, O douce Providence, reste un héritage pour la famille Providence. 

Tout le charisme d’Émilie Gamelin se voit dans sa façon de transformer ses souffrances en joie et ses peines en actes de bienfaisance. Émilie puise sa force au pied de la croix en contemplant la Vierge des Douleurs qui a vécu avec Jésus toutes les misères humaines pour, finalement, porter le beau vocable de femme de compassion. 

Émilie n’a pas seulement jugé bon de visiter les personnes abandonnées de son temps, elle les a reçues  chez elle, vivant avec elles sous le même toit, mettant à leur disposition le peu d’argent que lui avait laissé son mari. Elle a visité les prisonniers jusqu’à hériter du nom : ‘Ange des prisonniers’. Elle se donne et assume tout, en transformant le mal et la douleur en rayons de bonheur et en signes d’espérance.  Émilie a reçu, chez elle aussi, des jeunes filles venues des autres villes du Canada  pour les préparer au travail. Elle est également venue en aide aux malades du typhus venus d’Irlande, qui fuyaient  la misère ou la  guerre. Plusieurs sont morts laissant des orphelins qu'Émilie a adoptés pour les abriter et leur donner une formation, elle, ainsi que sa petite association de femmes pleines de zèle et de charité dont l’amour du Christ a pressé à coup sûr. 

Toute la ville de Montréal a reconnu en Émilie, une femme de charité et d’amour actif; en elle, tous voyaient un signe de la miséricorde et de la Providence de Dieu pour son peuple. De son mari monsieur Gamelin, elle avait aussi hérité de Dodais et de sa mère. Dodais était un jeune déficient mental qui avait sauvé la vie de M. Jean-Baptiste par ses cris de détresse lorsque des bandits l’avaient attaqué.

Toutes les qualités de la Bienheureuse Émilie découlent de cette attitude à se mettre au service des plus petits, des blessés, des abandonnés, des laissés pour compte, des sans-abris; on pourrait dire de nos jours des sidéens, des drogués, des toxicomanes et autres encore. Tous ses multiples dons révèlent sa vocation personnelle.  

Émilie a vu l’œuvre de la Providence prendre de l’ampleur et devenir une Communauté à laquelle la population a donné le nom de Communauté des Sœurs de la Providence. En effet pour assurer la perpétuité de l’œuvre de Dame Gamelin, Monseigneur Bourget a eu l’idée de faire venir une Communauté pour s’en occuper, mais la Providence en a décidé autrement et a permis la naissance,
le 29 mars 1844, d’une toute nouvelle Communauté de femmes avec Émilie comme première supérieure. Durant toute sa vie, Mère Gamelin a fait ce que les autres ne font pas et la jeune Communauté qui suit sa trace se tourne toujours vers les pauvres, surtout ceux-là qui sont considérés comme étant les plus pauvres des pauvres. 

Le pauvre représente le Christ souffrant sur la croix et la Sœur de la Providence est là, répondant du mieux qu’elle peut, pour alléger leurs  peines et leurs misères.  Une manifestation continuelle de la Providence et de Notre-Dame des Douleurs, dans une charité compatissante, avec une ouverture et une créativité sans pareil envers les pauvres de toutes sortes, tel est le résumé de la vie complète  de la Bienheureuse Émilie Tavernier Gamelin.

Elle a su rebondir; ses souffrances ont  été pour elle le tremplin qui l’a propulsée vers les autres. Émilie a fait don de sa vie afin de servir Dieu dans toutes personnes ayant perdu sa dignité tout en s’appuyant sur la confiance en la Providence de Dieu et  sur la dévotion à Marie Notre Dame des Douleurs. Émilie a fait le pas vers ce qu’elle a cru être un appel. Elle a revêtu le saint habit le 8 octobre 1843 avant de prononcer ses vœux le 29 mars 1844 à l’âge de 44 ans. C’est en se dévouant au chantier du travail de la miséricorde que Mère Émilie a fini sa vie en attrapant le choléra. Le 23 septembre 1851, elle meurt après seulement douze heures de maladie. On peut dire qu’elle a mené le bon combat. Présentement, son processus de canonisation est en cours. Elle a été béatifiée le 7 octobre 2001 par le pape Jean Paul II. Tout son amour, sa charité et sa compassion passent dans ses actes de miséricorde. 

ÉMILIE, MÈRE DES PAUVRES,  PRIEZ POUR NOUS.

Juedie Élismat, novice, Sœurs de la Providence

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